Le jour où nous avons gagné la Green Card à la loterie américaine

Il y a des moments comme ça dans la vie, où l’on a l’impression que le destin nous fait un signe. D’une seconde à l’autre, le chemin tout tracé sur lequel on se trouve est remis en question, et tout se chamboule. Pour nous, ce fut le 1er mai 2013. A 18h précises.

Petite précision: La carte verte ou carte de résident permanent permet aux citoyens non-américains de s’installer et de travailler légalement aux États-Unis sans besoin de visa. En résumé, on peut rester sur le territoire tant qu’on veut, travailler où l’on veut, et pour qui l’on veut. La liberté, la vraie !

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Un bref retour en arrière

Après 1 an passé près de New York en 2011-2012, retour à la case départ pour faute de visa de travail encore valable. Case départ = France. Retour difficile, on s’était habitués à notre vie américaine et l’envie d’en partir n’était pas forcément là. Mais les américains et leurs visas, ça ne rigole pas. Décrocher un contrat de travail sans avoir de visa relève du miracle, tandis que pour avoir un visa, il faut un travail. Bref, c’est un peu le serpent qui se mord la queue. Les visas de travail sont rares, chers et il faut trouver une entreprise qui non seulement sera capable de vous payer le précieux sésame mais qui également vous attendra pendant des mois de paperasses administratives. J’espère que vous avez des compétences exceptionnelles dans un domaine ultra-pointu. Sinon vous êtes foutus.

Dès notre retour en France, nous nous sommes donc mis en quête de Visa. Mais Visa ne se montre pas facilement, et après quelques entretiens téléphoniques, nous avons vite compris qu’il allait falloir passer au plan B : la loterie américaine. Nous avons également pensé au plan C : épouser le pompiste de la station essence près de mon travail qui se proposait pour m’obtenir des papiers… Gloups ! Euh… oubliez le mariage blanc, c’est foireux.

Elle tombait plutôt bien cette loterie, puisque l’inscription avait lieu seulement 2 mois après notre retour, en octobre 2012. Entre temps, on s’était refait une petite situation confortable : chacun un emploi sur Lyon, un appart sympa, des copains. Le top. Mais bon, la loterie était gratuite alors sans trop y croire, une photo d’identité et un tout petit questionnaire plus tard, nous voilà tous les deux enregistrés pour tenter de gagner la carte verte. Résultat du tirage au sort six mois plus tard.

Le 1er mai 2013, le jour où tout a basculé

“Résultats DV lottery”. Voilà ce qui était écrit en rouge dans mon agenda. A 18h, je vérifie consciencieusement mes résultats. Négatifs. Je n’ai pas été sélectionnée. Pas de réelle déception, cela faisait longtemps que j’étais passée à autre chose. Le temps avait fait son œuvre, et nous ne sommes pas du genre à mettre tous nos œufs dans le même panier. En mai 2013, on avait des projets pleins la tête. Je venais de décrocher un CDD sur Paris dans la boite de mes rêves, et Greg était en pourparler pour un poste en Nouvelle-Calédonie pour début 2014. On avait également des rêves d’Australie. Alors je peux vous dire que les États-Unis, c’était devenu un peu le dernier de mes soucis. C’était beaucoup moins le cas pour Greg.

“You have been selected…”

Voilà les quelques mots qui peuvent changer votre vie. Greg a été sélectionné. Le premier truc qui me vient à l’esprit c’est “Et m%#@, mais qu’est-ce qu’on va faire ?”. Pour être honnête, je n’y croyais pas du tout. Être tirés au sort alors que c’est la 1ère fois que l’on joue, ça relève du miracle. Ou du destin. Au choix. Mais que faire alors qu’on se retrouve enlisés dans une équation à 4 inconnues. On récapitule ?

Bon, je vous avoue aussi que le choc passé, on était contents. Très très contents même !

9 374 191 participants et 14 633 767 si l’on compte les conjoints et enfants

C’est le nombre de personnes dans le monde ayant joué à la loterie de la carte verte en 2012 appelée Diversity Visa. Sur ce nombre astronomique de participants, seuls 140 660 ont été tirés au sort. Pour 50 000 visas. Vous comprenez alors que même une fois tirés au sort, le parcours du combattant n’est pas fini. Et que plus de la moitié seront déçus. Dont peut-être nous. Alors règle numéro 1 : ne pas s’emballer.

Continuer à vivre nos rêves et avancer…

Tant que la carte verte n’était pas dans nos mains, hors de question pour nous de faire un choix. Le processus peut prendre jusqu’à 18 mois, voire 24 mois si vous faites traîner les choses. C’est ce que nous avons fait. Nous avons donc continué tranquillement notre vie. J’ai bien fait le CDD de mes rêves à Paris pendant 1 an, puis j’ai rejoint Greg en Nouvelle-Calédonie qui était déjà parti 6 mois avant moi. Et nous avons même voyagé 5 semaines en Australie. Alors oui, nous avons du jongler avec beaucoup de situations bancales, compliquant toutes les démarches du processus, ainsi que des situations de stress intenses. Nous nous sommes mariés en Nouvelle-Calédonie, sommes partis aux Îles Fidji pour un entretien à l’ambassade américaine et avons validés nos cartes vertes en entrant sur le territoire américain à Hawaï. Il y avait beaucoup plus simple comme démarche ! Mais vous verrez que nous, on n’aime pas les choses faciles. Une fois notre carte de résident permanent en poche, on a décidé de profiter de la Nouvelle-Calédonie pendant encore 1 an et de ne pas nous précipiter dans une vie à 100 à l’heure. Mais avant la date buttoir, le 26 novembre 2015, plus le choix, il nous fallait retourner aux US sous peine de perdre nos droits. Oui parce que bon, le but premier d’une carte verte, c’est quand même de vivre sur le territoire américain…

0.015 % de chance d’être tiré au sort

Et pourtant on a gagné ! Du 1er coup même ! Le destin, il faut savoir le provoquer. Il faut aller le chercher. C’est ce que font la plupart des participants en jouant à la loterie. “Jouer”, ce terme est d’ailleurs ironique. En faisant beaucoup de recherches sur Internet concernant cette loterie, j’ai également découvert l’envers du décors. Parmi les 9 399 747 de participants, la plupart sont des gens désespérés, provenant souvent de pays pauvres ou en guerres (beaucoup de participants viennent d’Afrique, du Moyen-Orient ou d’Asie), et qui espèrent un jour fouler le sol américain afin d’accéder à une vie meilleure. Ce n’est pas un jeu pour eux. Cela fait parfois 5 ou 10 ans qu’ils tentent la loterie pour échapper à leur quotidien. La plupart du temps sans succès. Ceux-ci doivent avoir au minimum le baccalauréat, et de l’argent pour prouver qu’ils ne seront pas une charge pour les US. Il y en a peu qui passent le test et l’entretien à l’ambassade. Indirectement, cette loterie profite également à des escrocs, ceux qui rackettent de l’argent aux gagnants, ou imposent un mariage arrangé afin de faire venir également une cousine, une sœur, ou une connaissance, aux États-Unis. Un vrai trafic s’est instauré autour de cette loterie. Et quand ces personnes sont recalées à l’entretien, elles se retrouvent mariées avec quelqu’un qu’elles ne connaissent pas. Pour la vie. Voilà une autre réalité de cette loterie.

Et puis il y a ceux, comme nous, à qui la vie sourit, et dont le destin a décidé d’ouvrir une autre voie. Pas pour une vie meilleure non, mais pour une vie différente, dans un pays où le rêve américain semble encore possible. Et c’est peut-être là notre avenir…

Vous venez de gagner la loterie ou vous êtes simplement curieux, et vous voulez savoir en détail notre parcours ? C’est par !

INFOS & ASTUCES

#1 : L’inscription à la loterie a lieu une fois par an, généralement au mois d’octobre, et ce pendant 30 jours environ. Toutes les infos concernant la loterie américaine sont sur le site officiel du Bureau des Affaires Consulaires.

#2 : La loterie est totalement GRATUITE. Attention, il existe beaucoup d’arnaques sur Internet et de faux sites qui vous demanderont de payer. C’est très facile de faire les démarches seuls ! Voici l’unique lien officiel pour participer à la loterie :  dvlottery.state.gov.

#3 : Assurez-vous de remplir les 3 caractéristiques suivantes avant de vous inscrire, sinon vous serez disqualifié d’office :

  • Avoir plus de 18 ans.
  • Être titulaire du baccalauréat ou avoir au minimum 2 ans d’expérience dans un emploi qualifiant pour les US (liste disponible sur O*NET OnLine).
  • Être né dans un pays éligible pour la loterie (la liste varie d’une année sur l’autre) – A noter que des cas particuliers s’appliquent pour ce critère, allez voir sur le site du Bureau des Affaires consulaires pour plus d’informations.

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