Vanuatu #7 – Le bonheur est dans le village de Botco

Vanuatu #7 – Le bonheur est dans le village de Botco

Vanuatu #7 – Le bonheur est dans le village de Botco

Il existe un endroit extraordinaire sur l’île de Mallicolo. Cet endroit, c’est le village de Botco, un lieu hors des sentiers battus, où le temps s’est tout simplement arrêté. Avec des rencontres authentiques qui nous ont profondément touchés, je ne pouvais rêver d’un meilleur endroit pour clore cette série d’articles sur notre voyage au Vanuatu. Retour sur deux petits jours inoubliables.

Village de Botco

Le mystère du village de Botco

Jamais nous n’aurions connu l’existence de ce village sans Zaza. “On veut aller dans un endroit authentique”, lui a t-on dit, “un endroit préservé du tourisme où l’on peut aller à la rencontre des Ni-van”. C’est comme ça que Zaza nous lâche les mots magiques : “le village de Botco”.

Après des heures de recherches intenses sur Internet pour voir à quoi ressemblait cet endroit mystique, nous ne trouvons que deux informations pertinentes, deux articles écrits par la même journaliste et parus dans Le Monde et Le Devoir.

Ainsi, on apprend que cet endroit serait connu pour avoir hébergé le lieu de rituels cannibales jusqu’en 1960. Aujourd’hui, malheureusement, toute trace ou presque de ce site aurait disparu. Il ne resterait que le village et ses quelques habitants. Banco ! Il ne nous en fallait pas plus pour se décider à aller passer un peu de temps dans ce fameux village de Botco, éloigné de toute civilisation moderne !

Village de Botco

Rencontre avec la plus belle fillette au monde

Village de BotcoPendant que nous assistions aux danses traditionnelles des Small Nambas et qu’Erima nous attendait patiemment, une petite fille s’est assise à ses côtés sur le bord du chemin.

Cette petite fille, toute de bleu vêtue, c’est Aniella. Elle a huit ans, et un regard à faire fondre n’importe qui.

Elle a entendu dire que des touristes allaient passer deux jours dans le village de Botco, à plusieurs heures de marche d’ici, et elle demande timidement si elle peut venir avec nous. Elle explique qu’elle vit chez sa grande sœur sur la côte de l’île, et ses parents, qui habitent à Botco, lui manquent car elle ne les voit pas souvent. Impossible de lui dire non.

Aniella, petite ni-van

L’expédition de l’équipée sauvage

Après avoir enfilé nos sacs à dos, nous voilà partis dans une véritable expédition afin de rejoindre ce fameux village : une longue marche en direction du centre de l’île qui devrait durer entre cinq et six heures. Fort heureusement et assez rapidement, un pick-up accepte de nous prendre en stop et nous fait gagner trois heures de marche en plein soleil. Il nous dépose au début d’un sentier sinueux qui pénètre dans la forêt.

Nous nous enfonçons dans les entrailles de l’île sans croiser personne pendant des kilomètres. Nous sommes épuisés, les sacs à dos sont lourds, et nous transpirons beaucoup. De son côté, la petite Aniella est pleine de vie, chantonne, et marche pieds nus depuis des heures sans se plaindre. Je développe une vraie admiration pour elle.

Petit à petit, nous commençons à sortir de la forêt et traversons d’immenses cocoteraies où sont installés des fours artisanaux permettant d’extraire l’huile de coprah.

Village de Botco

Tellement heureuse à l’idée de revoir sa maman, la petite fille commence à courir et à appeler sa famille à travers les montagnes. Les voix résonnent et au bout d’un moment, un écho lointain se fait entendre. Ça y est, elle venait d’annoncer en bislama notre arrivée au village.

Village de Botco

Immersion dans le village de Botco

Après trois heures d’intense transpiration et une dernière côte bien raide,  nous arrivons sur la “place centrale” du village. Nous sommes accueillis par Rachel, 55 ans, la doyenne de la famille chez laquelle nous allons passer la nuit. Malheureusement, nous ne ferons pas la connaissance de Gilbert, son mari, parti chasser durant plusieurs jours.

Village de Botco

Damarys et Rachel

Pour nous remettre de cette longue marche et se laver un peu, on nous indique la rivière en contrebas dans laquelle se trouve une sorte de baignoire naturelle utilisée par les habitants.

Village de Botco

Puis, nous profitons de notre temps libre pour visiter les alentours. Les habitants du village vivent dans des maisons de bois éparpillées au sommet d’une colline, complètement isolées de tout. Il y a cependant un lieu de culte, une sorte d’église construite en tôles pliées, ainsi qu’une toute petite école qui donne l’impression de pouvoir s’effondrer à tout moment.

Village de Botco

Les quelques habitants semblent plutôt timides mais n’oublient jamais d’échanger avec nous leurs plus beaux sourires quand nous les croisons. Heureusement, il nous restait encore des sachets de bonbons dans nos sacs à dos, et les quelques enfants qui résident dans le village sont encore une fois devenus nos meilleurs amis.

En fin d’après-midi, nous essayons de faire plus ample connaissance avec Rachel et sa famille, tous assis sur une natte, au milieu des cases du village. Ce n’est pas évident puisque nous ne parlons pas la même langue, mais rien que le sourire de Rachel, sa façon de rire ou de nous taper sur les cuisses comme une grand-mère attentionnée, nous ont permis de très bons moments d’échanges. Et le moins que l’on puisse dire, c’est que Rachel, elle est vraiment trop marrante. (Elle ne se souvenait jamais des prénoms de ses petits-enfants, donnant lieu à des situations très drôles, de quoi bien nous faire rire !).

Village de Botco

Repas familial autour du lap lap, le plat traditionnel

Pour le diner, Rachel nous a concocté le plat national du Vanuatu, le lap lap. Des racines de manioc ou de tarot râpées, puis malaxées dans du lait de coco frais afin d’en faire une sorte de pâte, le tout est agrémenté de porc, de poulet, de poisson ou même de chauve-souris puis empaqueté dans des feuilles de tarot ou de bele (une sorte d’épinard du Pacifique). Cette préparation est ensuite cuite à l’étouffée : elle est mise dans le four traditionnel, un trou creusé dans le sol, avant d’être recouverte de pierres brûlantes. Ce soir, notre lap lap sera aux crevettes pêchées le jour-même dans la rivière, spécialement pour notre venue. Un grand luxe.

C’est dans leur cuisine qu’ils nous invitent à prendre notre repas en leur compagnie. Entendez par cuisine, une minuscule case où un feu de bois à été allumé dans un coin afin de faire cuire le reste des aliments. Nous sommes pratiquement dans le noir, uniquement éclairés par deux petites lampes solaires.

Nous nous installons en cercle, assis en tailleur sur les nattes posées au sol, autour de ce gargantuesque plat. Inutile de préciser qu’ici, tout le monde mange avec les doigts.

Vous ne verrez aucune photo de ce moment partagé avec eux pour plusieurs raisons. D’une part, nous ne souhaitions pas les mitrailler de photos, les mettre mal à l’aise et faire les touristes “de base”. D’autre part, nous avons trouvé ce moment tellement surréaliste et intime, que nous avons voulu simplement le conserver dans un coin de notre tête. Pour la première fois, nous posons appareil photo, caméra, et téléphone, pour profiter pleinement dans ce moment d’échange.

Bien entendu, cela aurait été trop beau si tout s’était déroulé sans encombre ! Timidement et quelque peu gênés, les membres de la famille de Rachel nous regardent, et semblent attendre quelque chose… Avec mon tact légendaire, pensant qu’ils souhaitaient que l’on commence à manger, je décide de briser ce silence sortant avec mon plus beau sourire un superbe “should I start?”. Ils me répondent alors “oui”, je commence donc à mettre ma main dans le plat. Mais en voyant leurs regards effarés, je comprends une fraction de seconde trop tard, qu’ils attendaient en fait que je commence à réciter… la prière ! Grand moment de solitude… Mais les ni-van sont, sans aucun doute, les gens les plus gentils du monde, et personne ne m’en a tenu rigueur 🙂

Une nuit… seuls au monde !

La case qu’ils nous ont aménagé pour la nuit est totalement isolée, située à plus de cinq minutes de marche du village, juste à côté de leur champs de plantation ! Dépaysement garanti.

Village de Botco

En tout et pour tout, le bungalow contient un très fin matelas de mousse installé juste pour nous. Avec le drapeau kanak en guise de drap, on ne pouvait pas rêver mieux 😉

Village de Botco

On ne vous cache pas que l’on n’a pratiquement pas fermé l’œil de la nuit, allongés quasiment à même le plancher… Et dès l’aube, les hommes du village se sont attelés à préparer un grand feu juste à côté de notre cabane. Envie de faire une grasse matinée à Botco ? Passez votre chemin !

Un petit déj’ plutôt… atypique !

Village de BotcoManger des racines de tarot grillées au feu de bois dès le matin, ça peut rapidement devenir indigeste. Pour diluer tout ça, Rachel nous a préparé de l’eau chaude du thé aromatisé avec des feuilles fraîchement cueillies. On se rendra vite compte qu’ils n’achètent pratiquement rien : ils mangent ce qu’ils chassent, pêchent ou cultivent, et se servent de tout ce que la nature offre. Beaucoup d’igname, de tarot et de choux local. En trois repas, le seul aliment ingurgité sortant d’un magasin d’alimentation aura été une boîte de thon.

Nous passerons le reste de la journée à nous promener et à discuter ensemble assis sur les nattes. J’en profite pour donner à Rachel des médicaments. Elle me demande également si elle peut garder les deux bouteilles d’eau vides que nous avions emmenées avec nous… Ces choses totalement insignifiantes pour nous, étaient extrêmement précieuses aux yeux de Rachel : ces bouteilles allaient servir à rapporter de l’eau de la rivière jusqu’au village.

Deux bouteilles d’eau vides et une boîte de paracétamol ont fait le bonheur de Rachel.

Des adieux déchirants

Je ne vous cache pas que cela a été dur émotionnellement de quitter cette famille si authentique, complètement détachée de tout besoin matériel, à des années lumières de ce monde qui peut être parfois si superficiel.

Avant de repartir, Rachel tient à nous remercier et nous prend dans ses bras. Elle ira même jusqu’à dire “Merci beaucoup, pour les bonbons, pour les stylos, pour les bouteilles d’eau et les médicaments, vous nous avez beaucoup aidé”. Mais non Rachel, c’est moi qui te remercie. Le peu de temps passé en ta compagnie a été incroyablement enrichissant, et nous a permis une nouvelle fois de mettre le sens de notre vie en perspective. Au moment quitter le village, j’ai les larmes aux yeux et je me retiens de toutes mes forces de ne pas pleurer. Côtoyer les habitants de Botco, c’est une vraie leçon de vie et d’humilité.

Pour le retour, la petite troupe s’est encore agrandie : Erima redescend du village avec ses deux fils Carlos et Fernando, Aniella est également de la partie car elle doit rentrer chez sa grande sœur, et nous prenons en charge la petite Damarys, 4 ans, afin de la déposer chez ses parents, à mi-chemin au beau milieu de la forêt. Une fois revenus sur la côte de l’île, en fin de journée, nous les quitteront également le cœur serré.

Sous le signe de la spiritualité

Pour notre dernier jour au Vanuatu, nous sommes invités par les habitants à assister à la messe catholique, au sein de l’église perchée en haut d’une colline offrant une vue magnifique.

Eglise

Ile de Malekula

Par un heureux hasard, nous apercevons Aniella qui vient immédiatement nous dire bonjour. Beaucoup d’habitants curieux viennent nous voir, pour se présenter, nous serrer la main et nous souhaiter la bienvenue. Il s’agit sans aucun doute de l’accueil le plus chaleureux reçu pendant nos voyages. A mes yeux, la sortie de la messe est une belle façon de résumer le Vanuatu : un accueil chaleureux, des habits colorés, des rires et des sourires. Et une profonde générosité.

Après la messe

Après avoir dit au revoir à tout le monde, c’est Stephano qui est chargé de nous ramener au petit “aéroport”. Stephano est un militant activiste pour l’indépendance économique de son pays. Son discours est passionné et touchant. Et c’est de tout cœur que je lui souhaite bonne chance dans son combat.

Aéroport de Malekula

Épilogue

En disant au revoir à cette famille ni-van d’une sincérité touchante, je savais pertinemment que je ne les reverrai jamais. Deux mondes nous séparent, mais de notre côté, impossible de reprendre le cours de notre vie et de faire comme si de rien n’était. Je n’oublierai jamais le village de Botco et ses habitants, perdus au fin fond de la forêt. Des rires, des discussions interminables sur les nattes, des poules en liberté, des champs de plantations, des cases faites de feuilles de pandanus, un feu de bois et une rivière : nul besoin de plus, l’essentiel est là.

Aniella, petite ni-van

INFOS & ASTUCES

#1 : Nous nous sommes rendus sur l’île de Botco grâce à Zaza qui a, une fois de plus, tout organisé. Si vous souhaitez partir découvrir les tribus Nambas, je vous conseille de faire appel à elle !

#2 : Si vous souhaitez Erima comme guide locale, demandez à Étienne et Lynn, ils arrangeront tout pour vous. Prix par jour : 2.000 vt.

#3 : Une nuit au sein du village de Botco coûte 3.000 vt. Les repas, parfois très sommaires (on vous prévient !), coûtent 500 vt. Gardez en tête que le confort au sein du village est rustique et s’adresse à des voyageurs prêts à sacrifier ce critère au profit de l’expérience !

#4 : Si vous avez la chance de passer quelques jours au village de Botco, prenez des fournitures scolaires ou des bonbons pour les enfants. Tout ce que vous pourrez leur rapporter leur sera d’une grande utilité.

Vanuatu #6 – A la rencontre des Big et Small Nambas sur l’île de Malekula

Vanuatu #6 – A la rencontre des Big et Small Nambas sur l’île de Malekula

Vanuatu #6 – A la rencontre des Big et Small Nambas sur l’île de Malekula

L’île de Malekula n’était pas du tout prévue dans notre programme. A la base, nous devions nous rendre au cœur des îles Rah, comme la plupart des touristes venant de Nouvelle-Calédonie. Oui, mais voilà, un imprévu s’est glissé dans notre planning, et nous nous sommes retrouvés sur l’île de Malekula, située au Nord-Ouest de l’archipel et anciennement connue sous le nom de Mallicolo. Le problème, c’est que nous n’avions pas du tout regardé à l’avance ce que l’on pouvait faire sur cette île dont nous avions d’ailleurs jamais entendu parler… Mais alors, l’île de Malekula, c’est comment ?!

Malekula

Un morceau de chair humaine, ça vous tente ?

Deuxième plus grande île du Vanuatu, Malekula s’étend sur 44 km de large et 94 km de long. Elle serait par ailleurs l’une des îles les plus riches d’un point de vue culturel et linguistique, puisqu’on y parlerait pas moins de 30 langues différentes ! Mais ce qui nous passionne le plus quand on obtient enfin quelques informations sur cette mystérieuse île, c’est son histoire.

La légende raconte qu’au Sud de Malekula vivaient Ambat et ses enfants qui avaient la particularité d’être blancs avec des cheveux longs et lisses. Un jour, malgré l’interdiction de leur père, les enfants mangèrent une pomme rose et devinrent noirs. On leur demanda alors comme punition de porter l’étui pénien et de s’isoler dans le Sud.

En 1774, le navigateur James Cook fut accueilli par les habitants de l’île en véritable héros en mémoire d’Ambat, car pour eux, l’homme blanc était un Dieu. Hélas, cette impression ne dura pas longtemps avec l’arrivée des recruteurs de main d’œuvre (blacks birding). Les relations se dégradèrent très vite. Les villageois, par mesure de répression, attaquèrent les bateaux, capturèrent les équipages et parfois les mangèrent.

Oui, oui, vous avez bien lu : “les mangèrent” ! Parce que ce qui fait la particularité de Malekula, ce sont ses habitants empreints d’une culture cannibale !

La culture Amel

Découverte de tribus uniques : les Nambas

Malekula est habitée par deux tribus distinctes : les Small Nambas (originaires du Sud et du Centre de l’île) et les Big Nambas (originaires du Nord). Le terme “Nambas” vient du nom de l’étui pénien, le « namba », porté dans l’ancien temps dans les tribus, (bien qu’apparemment, certaines tribus continuent de les porter encore aujourd’hui). Les noms Small et Big ont été donnés par rapport à la taille de leur étui pénien fabriqué avec des feuilles de pandanus. Chez les Small Nambas, vous l’aurez compris, ces étuis sont plus petits.

Voici un petit récap’ des différences entre ces deux tribus :

  • Les Small Nambas : Les hommes du village vivaient dans une maison appelée « le amel », séparés de leurs femmes et leurs enfants qui dormaient ensemble dans une autre maison. Les Small Nambas ont introduit l’élongation du crâne sur les jeunes garçons, une pratique strictement réservée à cette partie du Vanuatu.
  • Les Big Nambas : Ces tribus étaient réputées pour être très guerrières, et rares étaient ceux qui osaient les défier. A la moindre provocation, les Big Nambas partaient en guerre, et après avoir tué leurs ennemis, ils les consommaient lors d’une cérémonie. Il était naturel pour un chef de village d’avoir plusieurs femmes. Quant aux garçons, ils devaient pour devenir des hommes subir la cérémonie de la circoncision.

Malekula est une île hors des sentiers battus, qui vous permet d’approcher une culture singulière très ancienne : le cannibalisme. C’est donc pas vraiment rassurés que nous partons à la découverte des descendants de ces amateurs de chairs fraiches !

Au cœur des Small Nambas, chez Étienne et Lynn

Une fois déposés par avion au minuscule aéroport de Norsup, c’est Guénolé qui nous emmène chez Étienne et Lynn, nos hôtes qui habitent au Nord-Est de Malekula.

Si l’intérieur de l’île est plutôt montagneux et relativement hostile, le pourtour est constitué d’immenses cocoteraies dont on n’en voit pas le bout. On comprendra vite pourquoi : Malekula détient la plus grande production de coprah (albumen séché de noix de coco) du Vanuatu.

Une heure de route plus tard, on découvre un grand bungalow construit en bord de mer et disposant de plusieurs chambres pas vraiment isolées les unes des autres… Bon, pour l’intimité, on repassera, mais l’environnement est mignon comme tout !

Chez Etienne et Lynn

Le soir venu, on fait la connaissance de Sara et Christian, un couple d’Allemands, avec qui on partagera un délicieux repas préparé par Lynn (une cuisinière hors pair !). Ils ont prévu de visiter le lendemain un site cannibale, puis d’enchainer avec les danses coutumières des Small et des Big Nambas. Banco ! Notre programme est tout trouvé ! Bon, par contre, on se limitera aux danses des Small Nambas, les activités touristiques on aime bien, mais il ne faut pas non plus exagérer (et puis, c’est hors de prix, il faut bien le dire !).

Sur les traces d’un peuple cannibale

Direction l’ancien site cannibale de Amelbati et les tombeaux des Grands Chefs Guerriers, avec notre guide locale, l’adorable Erima. (Sans le savoir, nous allons passer tout notre séjour sur l’île en sa compagnie, et nous aurons d’ailleurs bien du mal à la quitter…)

Erima, guide locale

Situé à Rano, le site cannibale est accessible après une marche de 30 à 60 min en pleine forêt. Une balade plutôt agréable accompagnée par Erima qui nous donne de nombreuses explications sur les plantes que nous découvrons en chemin, et qui nous raconte les histoires les plus sordides de l’île. Elle finit d’ailleurs par nous avouer que la dernière fois qu’une personne a été mangée “officiellement” était en 1983

Est-ce pour amuser les touristes, ou est-ce vrai ? Je ne sais pas… En tout cas, j’imagine qu’ils ne se sont pas arrêtés du jour au lendemain, et que les cas de cannibalisme ont du perdurer bien après leur interdiction ! Mais bon, 1983, c’était hier quoi ! Pour couronner le tout, nous sommes accompagnés par “l’homme à la machette” qui nous suit sans prononcer un mot… Une fois enfoncés dans les bois, ont-ils prévu de nous découper en morceaux et de nous faire frire ?! Arrêtons la psychose !

Malekula

Le site funéraire de la tribu Amelbati n’est pas vraiment entretenu et il n’en reste plus grand chose. Très ancien, ce site fut abandonné par la tribu quand elle se déplaça vers les îles voisines. Sur place, seules quelques pierres funéraires sont encore entassées, indiquant le lieu où étaient enterrées les familles.

Site cannibale

Un peu plus loin, nous atteignons la “cuisine” des chefs cannibales. C’est ici que les guerriers vainqueurs d’une bataille “mangeaient” leurs ennemis, ou du moins, une partie. Parce que franchement se taper un poulet entier, c’est déjà gros, mais alors un humain, bonjour l’indigestion !

Site cannibale

Sur place, la mise en scène prête à sourire : des ossements de poulets humains sont disposés bien en évidence. Il reste néanmoins quelques traces de cette époque, dont des crânes humains, des trophées recueillis par les chefs, des armes, des coquillages…

Au-delà de cette mise en scène, ce qui fait le charme de la ballade, ce sont encore et toujours les anecdotes racontées par Erima. Soi-disant, les ennemis étaient enterrés assis, avec la tête hors du sol, afin de pouvoir l’emporter en cas d’attaque d’une tribu adverse ! Mais la plus croustillante est évidemment celle-ci: les bras des victimes étaient séchés puis utilisés comme des torches lors des cérémonies ! Allez, bon appétit bien sûr !

Envoûtés par les danses traditionnelles des Small Nambas

Tout juste remis de nos sensations fortes, et après avoir échappés à l’homme à la machette, on enchaîne par les danses coutumières des Small Nambas de la tribu Nemi Gordien Ser, qui souhaite conserver ses traditions, et dont les anciens continuent de les transmettre aux plus jeunes. Le village est organisé autour d’une grande place avec en son centre un tambour pour une tribu toujours prête à danser. Leur vie en communauté est basée sur une communion avec la nature, une agriculture de subsistance, et surtout un bonheur partagé du chant et de la danse.

Danse des Small Nambas

Au fait, si vous avez bien suivi, cette tribu possède les plus petits étuis péniens : entendez par là que les hommes sont quasiment à poil ! Bon, j’avoue que c’est assez bizarre au premier abord, mais finalement il y a pire que de voir des hommes musclés danser quasiment nus, non ?!

Plus sérieusement, tout est encore mieux organisé qu’un show à Las Vegas. Véronique, véritable maîtresse de cérémonie, dirige toute sa petite troupe d’une main de fer !

Véronique

Les hommes commencent par une série de danses coutumières très jolies, puis les femmes entrent en scène avec une belle danse des fleurs.

Vient ensuite “l’entracte” ! C’est alors un peu gênés que nous assistons à des démonstrations de la vie quotidienne :

  • La cuisine du fameux lap lap, le plat traditionnel du Vanuatu à base d’igname et de lait de coco frais
  • Le dessin sur sable, une tradition encore présente sur l’île qui leur permet de communiquer en se laissant des messages au sol

Dessin sur le sable

  • L’allumage du feu à la façon de Koh Lanta
  • Le tressage de feuilles de pandanus qui permet de construire des toits pour les cases ou de confectionner des paniers et d’autres ustensiles de la vie quotidienne… C’est d’ailleurs comme cela qu’ils nous feront une superbe couronne de miss (?!)

Nous aurons même le temps de déguster ce que les femmes ont préparé durant l’entracte : du manioc râpé, cuit et trempé dans du lait de coco. On ne dirait pas comme ça, mais c’est un véritable délice !

Plat traditionnel, le lap lap

Afin de conclure ce show hollywoodien, c’est ensemble que les hommes et les femmes entrent en scène afin de nous envoûter le temps d’une dernière danse…

Danse des Small Nambas

Peu importe l’aspect touristique de cette animation, on aura passé un excellent moment en leur compagnie, et surtout nous auront découvert plein de choses concernant leurs coutumes.

Small Nambas

Small Nambas

Après cette belle entrée en matière, nous décidons de faire davantage connaissance avec les habitants de l’île de Malekula et d’en apprendre encore plus sur leurs traditions. Nous partons pour deux jours qui s’annoncent émouvants et authentiques : direction le Village de Botco, où l’exceptionnelle et inoubliable Rachel nous attend…

INFOS & ASTUCES

#1 : Pour organiser votre séjour sur l’île de Malekula, contactez Zaza d’Espirit d’Aventure au Vanuatu. Je vous l’ai déjà dit, c’est gratuit et elle s’occupe de tout ! Il n’y a pas beaucoup de vols pour vous rendre sur l’île, et tout prévoir à distance me parait être le parcours du combattant…

#2 : Transfert A/R entre l’aéroport et l’hébergement : 3000 vt/pers. Comptez 1h de transport.

#3 : Nuit sur l’île de Malekula : Nawori Sea View Bungalows, chez Étienne et Lynn. Le bungalow est situé en bord de mer, mais il n’y a pas de plage. Par contre, la vue est superbe. Prix : 5000 vt/nuit. Repas : entre 500 et 1000 vt/pers, selon le repas que Lynn vous aura préparé. Confort sommaire, notamment les douches, mais c’est très propre !

#4 : La visite du site cannibale se fait avec un guide local, Erima. Comptez entre 30 et 60 min de marche dans la forêt pour atteindre le site. Prix : 2500 vt/pers.

#5 : Pour assister aux danses des Small Nambas, demandez à Étienne et Lynn, ils l’organiseront pour vous ! Pendant environ 2h, vous pourrez voir des danses et découvrir leurs traditions. Prix : 5000 vt/pers.

Vanuatu #5 – Plongée sous-marine au cœur de l’imposant SS President Coolidge

Vanuatu #5 – Plongée sous-marine au cœur de l’imposant SS President Coolidge

Vanuatu #5 – Plongée sous-marine au cœur de l’imposant SS President Coolidge

Cela ne fait pas très longtemps que nous avons passé notre niveau I de plongée sous-marine et nous avons peu de sorties exploratoires à notre compteur. Nous avons fait de très belles plongées en Nouvelle-Calédonie, mais s’il y a un endroit dont on a beaucoup entendu parler, c’est bien du fameux SS President Coolidge !

Plongée de jour

Le SS President Coolidge, mais qu’est-ce que c’est ?!

Le SS President Coolidge était un paquebot de luxe construit en 1931, destiné à transporter des passagers cherchant le soleil dans le Pacifique et en Extrême Orient. D’une longueur avoisinant les 198 mètres, il faisait partie des plus grands navires commerciaux des États-Unis à l’époque.

President SS Coolidge

En 1941, durant la Seconde Guerre mondiale, le Coolidge entre au service de l’armée américaine comme bateau de transport pour renforcer la garnison dans le Pacifique, notamment après le bombardement japonais de Pearl Harbour. C’est ainsi qu’il s’est retrouvé à transporter des troupes, des équipements de protection et des armes entre les USA et les bases du Pacifique. Sa fin arriva un beau mois d’Octobre 1942, lorsqu’il heurta par erreur une mine flottante américaine du dispositif de défense anti-sous-marine en entrant dans le canal de Luganville. Touché au niveau de la salle des machines, le capitaine décida de le faire échouer au plus prés de la côte mais ne put s’en approcher suffisamment pour sauver le navire à cause du récif corallien. C’est ainsi que le Coolidge repose sur son flanc bâbord entre 20 et 70 mètres de profondeur. La cargaison et les effets personnels que plus de 5000 soldats ont laissés à bord ont été engloutis en moins de 90 minutes. Depuis 1983, le gouvernement du Vanuatu a interdit toute récupération d’objet provenant du Coolidge, et l’épave du bateau est utilisée pour la plongée récréative.

Plongée de jour

Le Coolidge, une épave mythique dans le monde

Le Coolidge est réputé pour être parmi les meilleures plongées sur épave et la plus grande accessible au monde. Les plongeurs peuvent se faufiler dans les étroits couloirs sombres et silencieux du paquebot, visiter les salles de bain, la pharmacie, la salle de bal, les cuisines, longer les ponts supérieurs et surtout observer tous les équipements militaires qui ont été engloutis. Armes, canons, obus, jeeps, camions, tout est intact. Mais surtout, ce qui rend cette épave mythique, c’est sa fameuse statue de porcelaine The Lady. Située au-dessus de la cheminée, au fond de la salle de bal, cette œuvre représente une femme assise sur une licorne. Et réussir à la voir, c’est un peu le Saint Graal de tout plongeur ! Bon, rassurez-vous, on n’est pas allés jusque-là, car elle est située à 60 mètres de profondeur quand même !

The Lady

En 2007, le Times a élu le SS President Coolidge dans le top 10 des sites de plongée sur épave au monde. Si vous êtes au Vanuatu, c’est donc une plongée à ne surtout pas manquer, et vous allez vite comprendre pourquoi !

Une plongée de jour forte en sensation

Tout commence en début d’après-midi, au club de plongée Santo Island Dive & Fishing. Nous avons opté pour 2 plongées, une de jour, et une de nuit. Contrairement à ce à quoi nous sommes habitués, tout est déjà prêt à notre arrivée, pas besoin de porter le matériel hyper lourd et de charger le bateau… au Vanuatu, on est traités comme des rois ! Nous ne sommes que 2 à plonger ce jour-là, ce qui rend la sortie encore plus privilégiée puisque nous aurons un moniteur rien que pour nous… Voilà de quoi nous rassurer, parce que sur le bateau qui nous emmène au site, on n’en mène pas large ! Il faut dire qu’on a entendu tout et n’importe quoi sur la sécurité des plongées au Vanuatu… Après coup, je peux vous le dire : il n’y a aucun souci à plonger ici !

Nous commençons à descendre doucement vers l’épave, en suivant une corde. L’eau est plutôt trouble, on voit tout juste à 2 mètres, c’est plutôt impressionnant. Soudain, une énorme masse se dessine… très lentement apparaissent les contours de cette épave, posée sur le fond, comme endormie et figée dans le temps. Dès le début, le ton de la plongée est donné, on se retrouve face à face avec une superbe rascasse… Allez, à nous l’exploration de cette épave mondialement connue !

Plongée de jour

Vous ne rentrerez pas à l’intérieur de l’épave lors de la première plongée, prenez-le en compte. C’est une question de sécurité, cela permet à votre moniteur d’évaluer vos capacités sous l’eau, avant de vous autoriser ou non à pénétrer dans les entrailles de ce monstre sous-marin. Pour notre première plongée, nous avons donc seulement longé le paquebot, et nous sommes remontés par le pont supérieur, malgré tout on ne s’est pas ennuyés !

Matthew, notre moniteur, nous conduit vers ce qu’il reste des salles de bain des cabines, nous montre des obus empilés (qu’on peut porter… et c’est lourd !) et nous permet même de pénétrer dans une des cales sombres, renfermant jeeps, tanks et autre matériel militaire.

En remontant le long du pont du bateau et sur la promenade, il nous montre des fusils recouverts de coraux, de la vaisselle, des chaussures, des masques à gaz… En chemin, nous dénicherons un poisson pierre bien caché au milieu des coraux qui poussent sur l’épave.

Le dernier pallier de décompression se fait dans le jardin de corail, proche d’une patate pleine de vie et de poissons. En patientant, on joue avec les poissons-clowns. On n’a pas vu l’heure passer !

Une randonnée palmée à 1 million de dollars !

L’avantage de combiner au minimum 2 plongées, c’est que pendant la pause, le bateau s’arrête à Million Dollars Point, qui vaut le détour ! Pour la petite histoire, le site doit son nom à nos chers américains, qui ont préféré couler tout leur équipement sous l’eau, plutôt que de le donner au Vanuatu qui a refusé de leur racheter pour 1 000 000 de dollars. D’où son nom !

Sous l’eau, c’est un cimetière de ferraille grandeur nature… Il reste des voitures entières, des petits bateaux, des tas et des tas de ferrailles et vieux objets, c’est impressionnant et plutôt marrant à voir ! Nous sommes également tombés sur une ancienne bouteille de Coca-Cola en verre ! Un collector !

Plongée de nuit dans les ténèbres sous-marines

Ce qui vient ensuite est sans aucun doute l’une des expérience qui m’a fait monter le plus d’adrénaline : une plongée de nuit, à l’intérieur de l’épave, dans le noir absolu. A ne louper sous aucun prétexte. Je t’entends dire “J’ai peur, je sais pas trop, et si et si…”. Non, je t’arrête tout de suite, fais la plongée de nuit ! C’est un truc de fou !

Le soleil se couche et nous voilà donc de retour sur le bateau au-dessus de l’épave. On est crevés, il fait froid, le bateau tangue de tous les cotés. Et surtout on flippe à mort. “Je veux rentrer chez moiii !”. Peine perdue, il a fallu sauter dans l’eau. Et là, d’un coup, je suis projetée dans un autre monde : il fait totalement noir, je ne vois absolument rien !  Heureusement, je tiens très fermement dans ma main la fameuse corde qui permet de rejoindre l’épave, et nous sommes accompagnés d’un professionnel qui vérifie régulièrement si on est toujours dans le coin. N’ayant plus aucun repère, nous nous retrouvons, je ne sais trop comment, à pénétrer dans l’une des cales du bateau. Tout est absolument noir, on ne voit strictement rien, je sens juste Matthew qui m’attrape la main, m’entraine dans un endroit étroit et me montre où m’accrocher à l’épave. Et tout d’un coup, apparaissent devant nos yeux, quelque chose d’absolument extraordinaire : des poissons flashs. Partout. Qui s’agitent devant nous à la vitesse de l’éclair, comme des faisceaux de lumière. J’ai l’impression d’être bourrée !

(Malheureusement le spectacle ne rend rien en photo, c’est pourquoi il faut ABSOLUMENT le vivre de ses propres yeux !)

S’ensuit une balade inoubliable dans les méandres du bateau. Nous rallumons les lampes torches, et c’est un tout autre monde qui s’ouvre à nous. Déjà émerveillés par notre rencontre avec les poissons flashs, nous verrons par la suite une superbe lime électrique, un poisson pierre, une énorme murène, et surtout un étrange poisson ballon, qui s’est prêté au jeu le temps d’une passe entre nous 3…

Plongée de nuit

Plongée de nuit

Plongée de nuit

Une expérience unique complètement hors du temps, à 3o mètres de profondeur, dans le noir total, et dans les antres d’un monstre sous-marin… Seriously ?!

Plongée de nuit

INFOS & ASTUCES

#1 : Il y a plusieurs façons d’explorer l’épave sur une même journée. Vous pouvez prendre un forfait 3 plongées (2 en journée et 1 de nuit), un forfait 2 plongées (1 en journée et 1 de nuit), ou seulement 1 plongée de jour. L’avantage des forfaits 2 ou 3 plongées c’est que vous pouvez explorer le site de Million Dollars Point gratuitement entre deux sessions !

#2 : Le prix pour le forfait 2 plongées est de 13000 vt/pers. Pour avoir des prix, passez par Zaza ! N’oubliez pas de prendre sur le bateau votre matériel de PMT pour observer Million Dollars Point dans les meilleures conditions.

Vanuatu #4 – Dans le village de Port-Olry, de battre mon cœur s’est arrêté…

Vanuatu #4 – Dans le village de Port-Olry, de battre mon cœur s’est arrêté…

Vanuatu #4 – Dans le village de Port-Olry, de battre mon cœur s’est arrêté…

J’ai eu beaucoup de coups de cœur au Vanuatu. Ce n’est plus un secret, je suis même tombée amoureuse de ce pays. (Comment ça vous en avez déjà marre que je vous bassine avec le Vanuatu ?!). Mais durant mon séjour, j’ai eu véritablement un coup de foudre. Comme si l’endroit où je me trouvais était une évidence. Comme si plus rien au monde ne comptait et que je ne voulais plus qu’une chose dans ma vie : rester là, ici, pour toujours ! Le petit village de Port-Olry m’a émerveillée, par sa beauté, son authenticité, sa simplicité, et surtout ses enfants. Le temps de deux petits jours, je l’ai senti, là, tout près… Un pur sentiment de bonheur et de légèreté.

Port-Olry

Les cabanes en bois du “Little Paradise Bungalows”

Tout commence chez Tarcisius et ses cabanes en bois toutes mignonnes en bord de mer. Le pauvre a eu droit à tous les noms possibles et inimaginables, tellement on n’arrivait pas à s’en souvenir… “Stratorius ? Non… Spartacus ? Non… Stradivarius ? Non plus !”… Tout y est passé. Et pourtant, Tarcisius est adorable. Ici, pas d’hôtel 4 étoiles, mais un lieu d’un charme fou, tout confort, la cabane de Robinson Crusoé parfaite en somme. Tout y est bricolé avec soin, de la douche extérieure avec pommeau “noix de coco”, à la terrasse meublée de mobilier fait-maison.

Reçus comme des rois, Tarcisius nous emmène immédiatement voir les hommes du village qui, tous les jours en fin d’après-midi, préparent le kava pour alimenter le “Jungle Juice”, le Nakamal du coin (bar à kava).

Nakamal de Port Olry

Un bol de kava en signe d’amitié

Pour ceux qui ne connaissent pas, le kava est une plante originaire du Pacifique occidental dont la consommation, vieille de plusieurs siècles, est ritualisée et régie par la coutume. Le partager est un signe d’amitié, le kava joue donc un rôle fondamental dans la vie religieuse, politique et culturelle de l’ensemble du Pacifique. Traditionnellement, le kava est préparé à partir du rhizome qui est mâché puis recraché sur une feuille de bananier. Laissée quelques heures au soleil, la pâte obtenue est ensuite diluée avec un peu d’eau puis filtrée et consommée dans la coque d’une moitié de noix de coco évidée. (Je reviens, je vais vomir !). Fort heureusement pour nous, la version moderne est un peu plus ragoutante, puisque le rhizome du kava est mis à sécher, réduit en poudre puis mélangé à de l’eau avant d’être filtré plusieurs fois dans, le cas présent, des dessous féminins tant qu’à faire ! Traditionnellement encore, les Nakamals sont réservés aux hommes car les femmes ne consomment pas de kava, mais comme je suis étrangère, j’y ai droit.

Je prends donc mon courage à deux mains pour avaler cul sec cette mixture dont je ne raffole pas, notamment parce que je sais d’avance ce qui m’attend… Le kava possède des propriétés anesthésiantes, myorelaxantes, stimulantes et euphorisantes… A chaque gorgée, j’ai l’impression que mes lèvres ont triplé de volume (Pamela Anderson, welcome back !), je sens de moins en moins ma gorge quand j’avale (à cause de l’effet anesthésiant), sans parler du goût qui est pour ma part, avouons-le une bonne fois pour toute, dégueulasse… Ô joie, bonheur ! Qu’est-ce que je ne ferais pas pour eux 😉

Premiers pas dans une vie authentique

Le bol de kava traditionnel avalé, on se lance à la conquête de ce petit village de 4000 habitants. Et on va vite s’apercevoir que se promener dans Port-Olry, c’est comme remonter le temps. C’est la fin d’après-midi, les enfants sont sortis de l’école et jouent dehors, pieds nus, avec trois fois rien, au milieu des cochons, des poules et des chiens. Les mamies sont rassemblées sur des bancs fabriqués de bric et de broc à radoter discuter. Les maisons sont faites de tôles, ou de feuilles de noix de coco, les cuisines sont sommaires, on sent que les gens n’ont pas grand chose… mais ce qui frappe le plus, c’est le sentiment de légèreté qui règne. Ils ont l’air heureux. Quelle leçon de vie, une vraie claque.

Le crabe de cocotier sauce coco-curry

Tarcisius nous fait faire le tour du coin, et nous montre notamment tout un tas de crabes de cocotier vivants, pendant au bout d’une ficelle sous un abri de fortune… et nous demande si on veut qu’il nous en cuisine un pour le soir. Encore heureux qu’on veut !

C’est donc face à l’océan qu’on nous emmène à chacun un crabe entier complètement désarticulé, baignant dans une sauce au curry et à la noix de coco. C’est ici, au fin fond du Vanuatu, assis sur des tabourets de fortune en bois, au bord d’une superbe plage et face à l’océan, que l’on a mangé les meilleurs crabes de toute notre vie. Un plat 4 étoiles sous un faré qui ne paye pas de mine, au prix d’un bistrot parisien. J’en salive encore.

Quand je vous disais que Port-Olry, c’est le Paradis !

Plage de Port-Olry

Aux alentours du village

Le lendemain matin, nous découvrons notre petit-déjeuner posé devant la porte de notre cabane. Au menu : pamplemousse, brioche, confiture de papaye maison, le tout accompagné d’un jus de coco encore dans la noix. Tarcisius, tu es parfait !

Nous partons ensuite à la découverte des alentours de Port-Olry. Bien évidemment, nous tomberons sous le charme de son école avec les claquettes des enfants laissées devant la porte, de sa banque avec son antenne parabolique géante, son dispensaire, son épicerie et son église.

Chapelle de Port-Olry

La plage est absolument superbe et donne envie de se baigner, mais il faut savoir que l’endroit est très souvent venté. Nous voulions louer une pirogue traditionnelle et pagayer jusqu’à une île en face de la plage, mais impossible vu le vent.

Nous sommes donc partis explorer une autre île, accessible à pied à marée basse via un banc de sable. Attention, paradis garanti ! Malheureusement, nous ne sommes pas encore les prochains Christophe Colomb, aucune découverte notable, si ce n’est un endroit superbe.

Plage de Port-Olry

Coup de foudre à Port-Olry

Il est temps maintenant de vous parler de mon coup de foudre. Rien que de l’évoquer, j’en ai la gorge nouée !

Nous revoilà donc pour la énième fois à arpenter les chemins du petit village de Port-Olry : en long, en large et en travers ! On ne s’en lasse pas. Ici, pas de route bétonnée entre les maisons, mais des chemins de terre, et à chaque détour, chaque virage et chaque recoin se cache quelque chose qui nous émerveille. J’ai mal aux zygomatiques à force de sourire bêtement. Tout le monde nous salue, s’arrête pour dire un petit mot, quant aux plus timides, ils nous sourient tout simplement. En même temps, après avoir fait pratiquement dix fois le tour, les gens ont du commencer à nous repérer et à nous prendre pour des fous ! Mais moi je m’en moque justement, tout ce qui me vient en tête, en boucle et en boucle, c’est : “Je veux vivre à Port-Olry !”.

Pour cet ultime tour, nous avons enfin pensé à prendre les paquets de bonbons qui s’écrasaient dans nos sacs à dos depuis la Nouvelle-Calédonie. J’avais totalement oublié le pouvoir des sucreries sur les enfants ! Tout a commencé tranquillement, sur la petite “place du village”.

Trois petits garçons jouaient avec une voiture en bois fait maison, l’équivalent de la dernière console de jeux vidéo version occidentale, tout le monde en a une ! Le plus téméraire se rapproche timidement de nous par curiosité. On se dit alors que c’est le moment de dégainer notre arme fatale… Commence alors un raz-de-marée !

Enfants de Port-Olry

En quelques secondes et plusieurs signaux d’alerte plus tard, voilà que rappliquent une bonne quinzaine d’enfants surexcités qui nous encerclent pour avoir eux aussi des bonbons.

Les enfants : “Two ! Two ! Two !”

Moi : “Ah non hein, pas tout !”

Ça se passe de commentaires ! J’étais pas sensée savoir qu’ils me parlaient en anglais, puisqu’à la base, Port-Olry est un village francophone du Vanuatu ! J’en connais un qui se moque encore de moi, ça va rester dans les annales !

C’est comme ça que pendant plus d’une heure, nous passerons un moment privilégié avec eux, à bien rigoler. Très intrigués par la GoPro, ils se sont prêtés au jeu des photos et vidéos, dans les rires et la bonne humeur. Certains se poussaient pour être devant tout le monde et apparaitre le mieux à l’écran, tandis que d’autres regardaient curieusement l’écran de l’appareil photo de l’autre coté.

Enfants de Port-Olry

Enfants de Port-Olry

Enfants de Port-Olry

Enfants de Port-Olry

Si vous avez raté la vidéo dans laquelle vous pouvez voir les enfants de Port-Olry, c’est par ici !

Retour émouvant sur Luganville

C’est le ventre noué que nous nous levons le lendemain matin, afin de grimper avec les locaux dans la benne d’un pick-up retournant à Luganville. Heureusement, Tarcisius doit également se rendre sur Luganville, et vient donc avec nous, ce qui adoucit – un peu – les aurevoirs avec cet extraordinaire village. Il nous a très gentiment emmené des bonbons à la noix de coco qu’il a fait lui-même dans son four traditionnel. Les meilleurs du monde, un vrai délice. Haribo peut aller se rhabiller !

Si vous venez à Port-Olry en quête de sensations fortes, vous vous trompez de destination. Port-Olry a beaucoup plus à offrir, notamment d’un point de vue humain. Ces gens vivent avec trois fois rien, et pourtant ils sont généreux et toujours souriants. Une chose est sûre, je n’oublierai jamais ce moment passé avec les enfants de Port-Olry. Et un jour, je reviendrai…

Port-Olry

Port-Olry

INFOS & ASTUCES

#1 : Nuit à Port-Olry : Au Little Paradise Bungalow, chez Tarcisius. Prix par nuit : 5000 vt, petit-déjeuner compris. Les bungalows sont vraiment trop mignons, authentiques, très bien équipés, et font face à la mer.

#2 : Si vous dormez et mangez chez Tarcisius, vous avez droit à une réduction de 50% sur le prix de la carte, ce qui rend les prix vraiment très intéressants ! Et en plus, c’est délicieux ! N’oubliez pas de tester le crabe de cocotier et la viande de bœuf (le Vanuatu est réputé pour sa qualité de viande exceptionnelle). Parole d’une presque végétarienne ;). Crabe de cocotier : 1500 Vt. Steak : 1700 Vt.

#3 :  Pour retourner à moindre frais sur Luganville, il faut se lever très tôt vers 6h30/7h. Le matin, plusieurs personnes du village descendent sur Luganville et font également office de taxi. Il faut monter dans la benne du pick-up, et les cheveux au vent vous pourrez admirer le paysage assis à coté des locaux. Tarcisius s’est occupé de tout, ça ne coûte que 500 vt/pers, pour 1h de trajet !

Vanuatu #3 – 50 nuances de bleu sur la côte Est d’Espiritu Santo

Vanuatu #3 – 50 nuances de bleu sur la côte Est d’Espiritu Santo

Vanuatu #3 – 50 nuances de bleu sur la côte Est d’Espiritu Santo

La côte Est d’Espiritu Santo fait partie des incontournables de l’île, et pour cause. Cet endroit de l’île, c’est un peu le remake du livre de E.L. James, version 50 nuances de bleu ! C’est trop beau. Vous allez voir des couleurs que vous ne soupçonniez même pas. Entre les magnifiques trous bleus dans lesquels vous pourrez sauter à la corde comme Tarzan, et les plages d’une beauté à couper le souffle, vous ne saurez plus où donner de la tête sur la côte Est d’Espiritu Santo !

Lonnoc Beach

Ramer pour voir le trou bleu de Mateluvu

Plusieurs choix s’offrent à vous pour accéder au fabuleux trou bleu de Mateluvu : par la route, ou en remontant la rivière en kayak, et je vous dis sans hésiter : allez-y, suez, râlez, ramez ! Ça vaut vraiment le coup !

Le départ se fait de Oyster Island, une île accessible par bateau qu’il faut appeler en tapant sur un gong depuis l’embarcadère. Heureusement, ce n’est pas La Boule de Fort Boyard qui déboule, mais bien une petite “maison flottante” qui vient nous chercher !

De Oyster Island, on nous montre la rivière à remonter… Dans un cri de désespoir, je dis à la gérante de l’hôtel : “Où ça ? Là-bas ?! De l’autre côté de cet énoooorme bras de mer ? Non mais c’est loiiiiiiiiin !”.

Pour couronner le tout, à l’aller on est face au vent et il faut donc bien compter entre 45 min et 1h de rame, de quoi améliorer son coup de pagaie (pfffff… je sais), mais le chemin que l’on prend pour se rendre au trou est extraordinaire. Un paradis pour les yeux.

Plus on remonte la rivière, plus les couleurs sont magnifiques : le bleu foncé de la mer se transforme petit à petit en une eau translucide, d’une couleur vert émeraude, qui prend graduellement une couleur bleu turquoise dès que l’on s’approche du trou. La rivière se rétrécie de plus en plus, la végétation tropicale semble vouloir nous engloutir… pour, tout d’un coup, s’ouvrir sur un trou bleu d’une couleur électrique, complètement réelle. Pas de doute, dans le monde, il y a vraiment des phénomènes naturels extraordinaires.

Matevulu Blue Hole

Pendant plus d’1h, nous sautons dans l’eau comme des gamins, à l’aide de cordes et d’échelles… Mais qu’est-ce que ça fout la trouille ! Moi, accrochée de toutes mes forces au tronc de l’énorme banian et criant aux 2 ni-vans qui m’encourageaient : “Noooon mais je veux plus sauter làààà, c’est trop hauuuuut !”. Ils se sont bien moqués de moi, eux, qui sautaient de partout, et dans tous les sens !

Matevulu Blue Hole

Quant au retour, on avait tellement faim qu’on a pagayé comme des fous afin de retourner sur l’île et ne pas rater le buffet du dimanche (un autre bon plan de Zaza !), en 30 min c’était plié, et on était déjà à table ! On a ensuite profité de l’après-midi pour se balader sur l’île, avant de rentrer reprendre des forces à Luganville pour notre journée du lendemain… parce que les trous bleus, c’est pas fini !

Qu’est-ce qu’on a ri au trou bleu de Riri !

Histoire de pimenter la visite du sublime trou bleu de Riri et d’explorer la côte Est de l’île, nous embarquons dans la petite voiture de Laurent dit Lolo, ayant une personnalité bien à lui. Et croyez-moi, vous n’allez pas vous ennuyer, Lolo a toujours le mot pour rire ! Il nous dépose donc à notre 2ème trou bleu de Santo… celui de Riri. (Ne cherchez pas, il n’y a ni Fifi, ni Loulou !).

Riri blue hole

Je crois qu’en lui même, le trou bleu de Riri est encore plus extraordinaire que le précédent. L’eau est d’une pureté incroyable, d’une couleur bleu/vert translucide. Vous ne voudrez plus jamais vous baigner ailleurs que dans cette eau magique (“On va se baigner à la Grande-Motte cet été ?”, “Mais noooooon !”).

Une fois encore, tout est prévu pour vous amuser, il y a des cordes avec des petits pontons pour sauter comme des enfants. Qui n’a jamais rêvé de s’agripper à une corde artisanale et de sauter dans une eau turquoise ?! Moment de fous rires inoubliables, de légèreté et de pure insouciance. Le bonheur.

Éblouis par le sable blanc de Lonnoc Beach

On retrouve notre Lolo national qui nous conduit sur l’une des plages les plus blanches que l’on n’ait jamais vu (bon, OK, à part en Calédonie bien sûr !) : la plage de Lonnoc. Par contre, devant tant de beauté sur l’île de Santo, je commence à manquer de superlatif pour cet article ! Alors vous n’avez qu’à regarder les photos !

Plutôt chouette hein ?! Si vous avez le temps entre 2 baignades, mangez sur cette plage à l’ombre des farés, c’est juste parfait.

Lonnoc Beach

Il est temps pour nous de quitter Lolo qui nous dépose tout au nord de l’île d’Espiritu Santo, au petit village de Port-Olry, un vrai coup de foudre que je vais vous raconter très vite. Mais en attendant il n’y a pas à dire, pendant cette journée, Lolo nous a emmené au 7ème ciel !

Santo Island

INFOS & ASTUCES

#1 : Il y a plusieurs trous bleus sur l’île d’Espiritu Santo, mais Mateluvu et Riri sont des incontournables. Encore une fois, pour le trou bleu de Mateluvu, je vous invite franchement à y accéder en kayak. Entrée au trou bleu de Mateluvu : 500 vt/pers, trou bleu de Riri : 500 vt/pers, location des kayaks : gratuit si vous prenez le buffet du dimanche midi, buffet sur Oyster Island : 2400 vt/pers, taxi Luganville/Oyster Island : 1000 vt/pers.

#2 : Pour voyager avec Lolo, contactez Zaza sur sa page Facebook. Prix pour la journée : 5500 vt/pers sans l’entrée à Champagne Beach, une autre plage paradisiaque 😉 L’entrée à Lonnoc Beach est gratuite, mais c’est bien de consommer quelque chose au bar/restaurant de la plage… ça leur permet de vivre, et puis déjeuner sous un faré dans un environnement paradisiaque, y’a pire pour contribuer au développement touristique du coin !

#3 : Une journée suffit pour faire la côte Est. Vous pourrez soit faire l’aller-retour, soit rester 1 jour ou 2 dans le nord de l’île, au village de Port-Olry, ce que je vous conseille fortement, vous ne le regretterez pas !

Vanuatu #2 – Millenium Cave, de l’écotourisme à l’état pur sur l’île d’Espiritu Santo

Vanuatu #2 – Millenium Cave, de l’écotourisme à l’état pur sur l’île d’Espiritu Santo

Vanuatu #2 – Millenium Cave, de l’écotourisme à l’état pur sur l’île d’Espiritu Santo

Espiritu Santo est une étape obligatoire au Vanuatu, car si vous avez une âme d’aventurier, l’île a beaucoup à offrir ! C’est d’ailleurs la plus grande de l’archipel, je vous conseille donc d’y rester au minimum 4 jours, et vous allez voir, vous n’allez pas vous ennuyer.

Dès notre arrivée à Luganville, la principale ville de Santo (pour les intimes !), nous organisons la suite de notre séjour avec Zaza. Il faut savoir que Zaza est une institution au Vanuatu, et c’est mérité. Surtout connue des calédoniens, elle peut vous conseiller et organiser votre séjour au Vanuatu selon vos envies, c’est “à la carte”, et tout ça, gratuitement (non mais what else ?!) ! C’est la 1ère fois que nous avons organisé des vacances avec une tierce personne, mais honnêtement, sans Zaza, on aurait eu beaucoup plus de mal pour réserver et organiser notre séjour. En plus, Zaza, elle est trop gentille, tous les soirs elle boit des coups avec les nouveaux touristes arrivés sur l’île, et c’est comme ça qu’on rencontre plein de monde !

Et pour notre 1ère journée, nous attaquons dans le vif du sujet, direction Millenium Cave (ou Grotte du Millénaire). Au programme : canyoning, nage en eau vive, randonnée et exploration de grotte… Tout ça dans un décor sauvage surréel… Je ne vous en dis pas plus pour l’instant, préparez-vous à vivre une journée intense et sportive !

Millenium Cave, un secret bien gardé

Connue depuis de nombreuses années, les ancêtres des habitants du village de Vunaspef utilisaient l’entrée de la grotte comme réserve de nourriture car oui, la grotte regorge d’hirondelles et… de chauves-souris ! Seulement à l’époque, les anciens avaient peur de s’aventurer dans ses profondeurs, à cause des esprits qui pouvaient y résider… Ce n’est qu’en 1987 que deux habitants du village ont finalement pénétré dans la grotte pour la 1ère fois. Quant à l’ouverture du site aux touristes, il aura fallu attendre jusqu’en 2000, d’où son nom !

En route pour l’expédition !

C’est dans le village de Nambel, à 45 min de route de Luganville que nous retrouvons notre guide local pour la journée, l’attachant Charly. Pour rien au monde je n’aurais souhaité un autre guide pour faire Millenium Cave. Charly est tout ce qu’il y a de plus adorable, patient, avide d’apprendre – et d’enseigner -, et surtout, il te met vraiment en confiance pendant les passages les plus difficiles du parcours. Impossible de ne pas tomber sous son charme !

Millenium Cave au Vanuatu
Charly nous emmène donc nous équiper au village suivant, situé à 30 min de marche, le fameux village de Vunaspef, dont les habitants sont propriétaires de la grotte. Dès le début, les difficultés commencent, la pluie a rendu le sol boueux et glissant… Je te raconte pas le passage sur le pont en bambou, pire qu’une patinoire ! Le chemin traverse une forêt tropicale dense dont le taux d’humidité dans l’air doit être de 300%, on sue comme des bêtes au moindre effort, mais qu’est-ce que c’est beau !

Millenium Cave au Vanuatu

Et encore, je ne te parle pas non plus du village, très petit mais plein de vie, avec le rire des enfants qui jouent dehors à empiler des noix de coco, pieds nus. Il n’y a pas à dire, le Vanuatu est une belle leçon de vie.

Après avoir reçu les consignes pour l’excursion, c’est parti pour 1h30 de marche en direction de la grotte. Rien de bien difficile, si ce n’est que c’est hyper boueux, mais c’est l’aventure, c’est sauvage, j’adore ! Charly nous donne plein d’infos sur la végétation qui nous entoure, les plantes comestibles, urticantes, ou utilisées en médecine traditionnelle, ainsi que sur les racines et autres tubercules. L’espace d’un instant, on se croirait en Amazonie. Et puis à un embranchement, on doit donner toutes nos affaires à des enfants qui nous ont suivis, et qui vont les acheminer jusqu’à la sortie de la grotte… What ?! C’est donc la larme à l’œil que je confie mon appareil photo à un enfant qui s’enfonce avec en sautillant dans la forêt tropicale. Je dois avouer que ce qui m’a surtout gênée à ce moment-là, c’est que “les porteurs” soient des enfants. Non, parce que bon, rien que moi, je croulais sous le poids de mon sac, alors un enfant d’à peine 10 ans… Bref.

Retour au temps de la préhistoire

L’endroit réunit tout ce que j’imaginais dans mes rêves les plus fous : une jungle tropicale luxuriante, des ponts en bambou, des échelles en bois bancales fixées à même les parois des rochers, des cordes, de la boue, une magnifique rivière, des parois rocheuses encore vierges, un canyon, des bruits caractéristiques de la vie de la jungle… Un environnement sauvage et intact digne des plus grands explorateurs !

Millenium Cave au Vanuatu

Au milieu de toute cette végétation dense, nous découvrons l’antre de la grotte cachée sous des épais feuillages verts. Mais avant d’y pénétrer, il est nécessaire de se peindre le visage afin d’apaiser les esprits qui règneraient sur le site… C’est comme cela que Charly nous dessine à l’argile rouge, entre autres, une rivière, une chauve-souris et un chemin.

En silence et un par un, nous pénétrons dans la grotte armés de nos lampes torches, et c’est très impressionnant ! La rivière est glacée, je t’assure que tu n’as pas envie de glisser et de te retrouver entièrement dans l’eau ! Traverser cette grotte longue de près de 500 m est un grand moment, on y rencontre un nombre incalculable de chauves-souris et d’hirondelles, mais également de petites crevettes et des tas d’insectes bien répugnants. Sans parler du fait que pour avancer, tu vas devoir t’accrocher aux rochers dans le noir, littéralement recouverts de fientes d’oiseaux… Je laisse ton imagination fonctionner pour la suite ! Très rapidement, le noir total nous envahit, et sans les lampes torches, on n’y voit plus rien du tout. C’est comme un black-out total. Impressionnant. Ne reste plus que le bruit des oiseaux et la rivière qui s’écoule.

Après 30 min de marche dans l’eau gelée et dans le noir, nous apercevons au loin une faille dans la paroi, laissant passer quelques rayons de lumières. C’est presque rassurés que nous venons de rejoindre la sortie ! Et tant mieux parce que maintenant, c’est le Kai Kai Time au bord de la rivière avec le groupe (l’heure du repas !).

Le plein de sensations fortes

Si la partie dans la grotte était géniale, place maintenant à un peu d’action, une trentaine de minute de descente en canyoning. On va devoir escalader des rochers à mains nues, en descendre d’autres à l’aide de cordes et avancer au dessus de trous sur des échelles en bambou.

Mais le clou du spectacle, c’est bel et bien toute la partie nage en eau vive dans la rivière (glacée je vous le rappelle !). En se laissant porter par le courant, on traverse des canyons à couper le souffle, envahis par la végétation tropicale d’un vert éclatant, c’est purement et simplement magnifique. La nature vierge à l’état pur.

De temps à autre, des cascades surgissent des parois et des promontoires naturels apparaissent pour nous permettre de sauter dans le lit de la rivière. Charly s’arrêtera même pour nourrir les poissons avec des morceaux de noix de coco pré-mâchés… C’est un pur moment de bonheur que nous vivons. Un vrai retour à l’essentiel.

Millenium Cave au Vanuatu

La remontée de l’équipée sauvage

Après plusieurs heures d’expédition, il est temps de retourner au village de Vunaspef. Les parois sont raides, et pour remonter c’est physique ! Heureusement qu’il y a des cordes pour nous aider, et quel régal de trouver à notre retour un thé bien chaud à la citronnelle – naturelle évidemment ! – préparé par les femmes du village.

Le groupe rassemble ses dernières forces pour faire le chemin retour vers le 1er village, Nambel. Dans un élan de courage, j’ai décidé de quitter mes chaussures trempées afin de faire la randonnée en tongs. Ben oui quoi, depuis le début de la journée, notre guide est en claquettes et les enfants pieds nus, ça doit pas être si difficile ! C’est vraiment la mauvaise idée du siècle, j’ai dérapé, glissé et je suis tombée je ne sais pas combien de fois sur les pierres boueuses et les ponts en bambou humides, à faire rire guides et enfants nous accompagnant. Décidément, les Ni-van ont vraiment toute mon admiration !

Écotourisme comme maître-mot

Nous ne pouvons que saluer les habitants de Vunaspef qui ont mis en place il y a quelques années cet “écotour” afin de faire vivre le village. Ils reçoivent des certificats d’excellence à tour de bras et c’est amplement mérité. Leur excursion à la journée fait partie des immanquables sur l’île. Quand vous faites Millenium Cave, vous n’allez pas seulement passer un jour extraordinaire, plein d’aventures, encadrés par des guides locaux d’un professionnalisme à toute épreuve, vous allez aussi supporter la communauté locale. La Millenium Cave Foundation a été fondée grâce aux profits du tour, et s’assure que les villages aux alentours bénéficient aussi du tourisme. Grâce à l’argent récolté, ils ont pu construire deux écoles et une église qu’ils seront extrêmement contents de vous montrer. Une bel exemple de développement que l’on ne peut que soutenir !

INFOS & ASTUCES

#1 : En soit, le Millenium Cave Tour dure entre 3 et 4h, mais il faut bien compter une journée le temps d’y aller et de revenir sur Luganville, surtout si vous souhaitez passer un peu de temps dans le village de Vunaspef. Il faut compter 7 000 vat/personne.

#2 : Pas besoin d’être sportif de haut niveau pour faire Millenium Cave, mais il faut tout de même être en bonne condition physique. Si vous êtes claustrophobe, ce n’est peut-être pas une très bonne idée de traverser la grotte… A vous de voir !

#3 : Équipez-vous bien avant de vous lancer dans le tour, si vous avez des chaussures aquatiques c’est l’idéal, sinon prenez des baskets qui adhèrent bien, parce que… ça glisse !

Pin It on Pinterest