Îles Loyauté #3 – Au cœur de la convention protestante de Lifou

Chaque année, lors du week-end de Pâques, Lifou organise l’une des plus grandes fêtes protestantes, la Convention. Cette fois-ci, c’est au tour de la tribu de Dueulu d’accueillir l’événement basé sur le thème « Ce qui est impossible à l’homme est possible à Dieu ». Parfait timing puisque j’étais à Lifou pour le travail, j’ai donc eu la chance d’assister à ce rassemblement unique en son genre, qui regroupe pendant 3 jours toutes les paroisses de Lifou (une trentaine) au sein d’une seule tribu.

Pour l’occasion, les habitants se préparent des mois à l’avance. Tout commence par la construction d’une immense « baraque du lieu de culte » en feuilles de cocotier, le « uma ne drai », le lieu qui servira au rassemblement de près de 3000 personnes. Viens ensuite la préparation/construction/rénovation des baraques et cases : si certains vont simplement changer la paille, d’autres vont construire une toute nouvelle case, qui sera décorée par la suite : les femmes cousent les rideaux et les enfants tressent les feuilles de cocotier. Le principe est simple : chaque maison de la tribu doit accueillir une paroisse pour tout le week-end. Ça fait du monde à loger ! En échange, les tribus accueillies amènent à leurs hôtes des présents, comme des cochons par exemple.

Le programme des festivités est varié : concours de chant, défilé, prédications, prière d’illumination, jeux scéniques… Samedi après-midi, nous nous réunissons donc tous sous le Uma ne drai. Les Kanaks avaient revêtus les couleurs de leur tribu, 18 au total. Les tenues traditionnelles, dont les robes missions, étaient magnifiques.

convention lifou

Je n’ai passé que quelques heures à la Convention, mais le spectacle était magique. Le concours de chant est un moment très attendu par les milliers de paroissiens. Quelques paroisses se sont affrontées les unes après les autres face à un jury digne de The Voice, sous une atmosphère très solennelle. A la fin de chaque prestation, aucun applaudissement, le groupe représentant la tribu repartait aussi silencieusement qu’il était venu. Chaque chorale avait 2 chansons à chanter : 1 chant commun et 1 chant libre, les deux étant chantés le plus souvent en Drehu, leur langue natale.

Pour la première fois, j’ai vraiment eu l’impression de rentrer dans leur intimité et dans leurs traditions les plus ancrées, bien loin du chemin des touristes. C’était un super moment, qui démontre également que quand ils le souhaitent vraiment, les Kanaks sont capables d’organiser de façon rigoureuse de grands événements…

Le lendemain, le résultat du concours est tombé… ce sont les “jaune et bleu” qui ont gagné ! Ils faisaient partie de mes favoris, ça tombe bien ! Bravo à eux !

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